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Quand le ventre parle plus fort que la gueule : et si les problèmes de comportement de votre chien prenaient racine… dans sa gamelle ?

Dernière mise à jour : 27 juin

Quand on me consulte pour des problèmes de comportement, une des premières choses que je passe en revue, c’est le contenu de la gamelle. La nourriture est le socle de la construction d’un individu, elle impacte la santé (bien sûr), mais également les capacités cognitives et le comportement !


Un chien qui :

  • Avale sa gamelle à toute vitesse

  • Vole de la nourriture

  • Mange du tissu, du bois, du papier ou des déjections

  • Détruit frénétiquement

  • S’excite avant ou après les repas

  • Fait de la protection de ressource

  • A des gaz, des postures bizarres après avoir mangé...


... n’a peut-être pas un "problème d’éducation", mais un problème de relation à sa nourriture.


Avant de parler stimulation mentale ou frustration mal gérée, il est essentiel de regarder de près ce qu’il mange : contenu, quantité, fréquence, effet sur son organisme.


Ce que votre chien mange impacte directement son comportement. Et pour comprendre cela, il faut se plonger dans les coulisses biologiques de son corps et nous rappeler que le système digestif dialogue en permanence avec le cerveau :



1. La faim chronique, ennemie du calme


Des repas trop légers ou trop espacés peuvent provoquer une élévation persistante de la ghréline, « l’hormone de la faim » qui, au-delà de son rôle métabolique, module aussi l’anxiété, l’agressivité, l’impulsivité et la tolérance à la frustration.


Un chien qui a constamment faim est un chien plus nerveux, moins disponible à l’apprentissage, plus facilement irritable.


L’idée trop répandue selon laquelle un chien doit toujours être très mince pour être "en forme" a parfois un prix élevé : celui de l’équilibre mental. Oui, le surpoids est un risque… mais l’insuffisance énergétique chronique l’est aussi.


Et bien souvent, quand un chien présente des signes de faim et qu’il est en surpoids, il est nécessaire de creuser l’aspect santé (vérifier l’activité de la thyroïde, par exemple), mais aussi de regarder la composition de sa nourriture : d’où proviennent les calories qu’il mange ? Protéines ? Lipides ? Glucides ? Si on fait le parallèle avec la nutrition humaine, tous ces macronutriments ne se valent pas en termes de sentiment de satiété et de prise de poids.


On oublie souvent que le sentiment de satiété ne dépend pas uniquement du volume de la nourriture. Il dépend aussi de sa qualité nutritionnelle et de sa capacité à stabiliser le métabolisme...



2. Microbiote déréglé = comportement perturbé


Dans l’intestin vit une véritable population invisible : le microbiote intestinal, cet écosystème de bactéries qui vit dans les entrailles et dont le rôle sur le comportement est aujourd’hui largement documenté. Une flore déséquilibrée – souvent causée par une alimentation trop industrielle, trop transformée, ou inadaptée au métabolisme individuel du chien –influence l’humeur, le stress, les capacités cognitives, peut favoriser l’hyperémotivité et l’anxiété.


L’axe microbiote-intestin-cerveau est une autoroute à double sens où transitent en continu des informations hormonales, immunitaires et neurologiques. Quand le microbiote est déséquilibré, le cerveau en subit les conséquences.


En clair : un intestin qui va mal, c’est un tremplin pour les problèmes de comportement.



3. Et si c’était… de la douleur ?


Il arrive régulièrement que des comportements jugés problématiques soient en réalité liés à des douleurs digestives chroniques : reflux, gastrites, ballonnements, irritations intestinales. Le chien ne peut pas dire "j’ai mal au ventre", mais il cherche à s’auto-apaiser : en détruisant, en mâchonnant frénétiquement, en cherchant à manger tout ce qu’il trouve. Il développe aussi parfois des stratégies d’évitement ou de repli.


Un chien douloureux peut devenir distant, irritable, hypervigilant. Et bien souvent, le problème ne se niche pas dans sa tête… mais dans son ventre.


Dans une consultation comportementale, il est donc crucial de s’extraire du réflexe purement éthologique ou éducatif et de réintégrer la biologie dans l’analyse. Et dans bien des cas, il est nécessaire de repenser l’alimentation pour aider le comportement, et donc d’évaluer :

  • La qualité des ingrédients (protéines digestes, graisses saines, absence d’additifs nocifs)

  • La quantité réelle, adaptée au métabolisme et au mode de vie

  • La fréquence et le mode de distribution (gamelle unique, repas fractionnés, enrichissement alimentaire…)

  • La diversité des textures, la présence d’aliments à mâcher

  • L’effet de la nourriture sur le microbiote : nourriture « vivante » vs. nourriture industrielle « morte », probiotiques

  • Le plaisir pris à manger : un chien détendu qui mange lentement est un bon indicateur de bien-être


L’alimentation n’est pas qu’un détail logistique du quotidien : c’est un pilier fondamental du bien-être physique, émotionnel et comportemental.


Parce qu’on ne construit pas un comportement stable sur un métabolisme bancal.


Parce qu’un cerveau bien nourri, c’est un cerveau plus calme, plus disponible.


Parce que le comportement commence… dans la gamelle.

© Charlotte Warrant - WAF the fck - 2025

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