
Les chiens apprennent grâce à des mécanismes associatifs : quelque chose me fait du bien, c’est quelque chose de bien OU quelque chose me fait du mal, c’est quelque chose de mal. C’est, grosso modo, ce sur quoi se basent toutes les méthodes éducatives : soit on essaye de faire des associations positives avec les « bons » comportements (le chien revient vers moi, il a une récompense) ou des associations négatives avec les « mauvais » comportements (mon chien tire en laisse, il se fait mal).
Le problème (beh oui, rien n’est jamais aussi simple qu’il n’y paraît), c’est que l’humain n’a aucun contrôle quant à l’objet réel de l’association. Si on prend l’exemple du collier étrangleur, l’humain souhaite que le chien associe la traction sur la laisse à la douleur. Sauf que c’est le cerveau du chien qui fera l’association avec ce qu’il pense être la source de cet inconfort. Et le cerveau du chien n’est pas armé comme le cerveau de l’humain pour tirer les conclusions de ses expériences négatives. Il ira au plus simple et il y a donc de très grandes chances pour qu’il associe ce qui l’entoure directement à cette expérience négative (son environnement direct, son humain, un promeneur, un autre chien, un enfant, une voiture, etc.). Et c’est comme ça qu’on crée, sans comprendre comment, des peurs à son chien qui finissent par entraîner une réactivité.
Donc, on ne peut jamais être certain de l’issue de l’association, ce qui est problématique. Sauf que, si on ne travaille qu’avec des associations positives, on n’a aucun risque de faire une erreur. Quand on donne une récompense à notre chien qui revient près de nous, ça n’a pas tellement d’importance s’il associe ce moment agréable à son retour, à notre présence, à son environnement, au promeneur, à l’autre chien, au cycliste, etc. Tout le contraire des associations négatives, en sommes.
Je vais prendre un exemple simple d’association négative (et totalement involontaire) qu’à fait ma chienne, Olivia, il y a 8 mois. Nous nous promenions, seules, dans un chemin rural entre deux pâtures. A un moment donné, elle a reniflé sous un fil barbelé. Pour notre plus grand malheur, le cultivateur avait relié sa clôture à l’électricité, donc elle a pris une petite décharge. Evidemment, elle a couiné de surprise et je me suis précipitée vers elle pour voir si elle allait bien. Erreur… Quand je suis arrivée à côté d’elle, j’ai directement vu qu’elle avait très peur de moi. Cette crainte s’est apaisée très doucement... Il lui a fallu plusieurs heures pour être à l’aise quand j’allais dans sa direction et pour arrêter de mettre les oreilles en arrière en me regardant (je ne vous raconte pas ma détresse…). Bref, ça a fini par passer parce que, globalement, elle sait qu’elle peut me faire confiance. Elle n’a manifesté aucun signe apparent que l’évènement l’avait marquée : pas de peur des fils barbelés, pas de peur des vaches, ouf. Et puis, hier, nous sommes retournées nous promener à cet endroit. Et là… A quelques mètres de la localisation de l’épisode malheureux, elle s’est assise et a refusé de continuer à avancer. 8 mois après l’incident !
Cette petite histoire personnelle montre l’impact à la fois durable et imprévisible des associations négatives… N’utilisez JAMAIS un quelconque dispositif « éducatif » dont l’efficacité dépend de la peur, de la douleur ou de l’inconfort. Ce genre de dispositif fonctionne par association négative. Ce genre de dispositif crée beaucoup plus de problèmes qu’il n’en résout (en plus de son absence évident d’éthique). Ce genre de dispositif n’a sa place que dans une poubelle (ou un musée, peu me chaut). Ce genre de dispositif crée et/ou entretient la réactivité de votre chien.
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