Le chien en été : comprendre, prévenir et protéger
- Charlotte Wrt
- il y a 5 jours
- 5 min de lecture
L’été rime souvent avec soleil, vacances, balades… mais aussi avec risques accrus pour nos chiens. Pourtant, malgré les alertes répétées, de nombreux humains sous-estiment encore les dangers de la chaleur pour leurs compagnons…
1. Pourquoi le chien souffre bien plus que nous de la chaleur

La régulation thermique :
Le point fondamental à comprendre est que le chien ne possède pas les mêmes moyens physiologiques que l’humain pour réguler sa température corporelle.
Chez l’homme, plus de 2 millions de glandes sudoripares réparties sur tout le corps permettent une évaporation massive et efficace. L’évaporation est une réaction dites endothermique, c’est-à-dire qu’elle consomme de l’énergie thermique, refroidissant ainsi la surface sur laquelle l’eau était posée.
Le chien, lui, ne peut évaporer la chaleur qu’au travers de sa langue par le halètement, et dans une moindre mesure par ses coussinets.
Cette surface d’évaporation est donc extrêmement réduite, ce qui limite fortement son potentiel de refroidissement. Imaginez : c’est comme si vous deviez climatiser une maison entière avec un petit ventilateur de poche !
C’est un système bien moins performant, surtout quand l’air est chaud et humide. Résultat : la température corporelle du chien monte beaucoup plus vite et redescend beaucoup plus lentement que chez l’humain.
Certains facteurs anatomiques aggravent encore la situation :
Les races brachycéphales (Bouledogue, Carlin, Cavalier King Charles, etc.) ont un appareil respiratoire comprimé, rendant l’halètement bien moins efficace.
Le surpoids et les maladies chroniques limitent la tolérance aux fortes températures.
La couleur du pelage joue également un rôle : un chien noir ou foncé absorbe plus de rayonnement solaire qu’un chien clair, et chauffe donc plus vite.
La chaleur du sol :
Par ailleurs, le chien marche pieds nus. Ses coussinets, bien que cornés, ne suffisent pas à protéger ses terminaisons nerveuses de la brûlure causée par des surfaces chaudes (bitume, sable, sols noirs exposés au soleil).
Le chien se déplace à 4 pattes, ce qui a plusieurs conséquences :
Ses organes sont très proches au sol
Ses organes sont parallèles au sol
Ainsi, la réverbération de la chaleur du sol a un fort impact sur le chien, surtout s’il est « court sur patte ».
Facteurs comportementaux :
Enfin, contrairement à nous, le chien n’a pas forcément conscience du danger lorsqu’il est excité ou en activité. Il continuera à courir, jouer, te suivre, même en surchauffe, jusqu’à l’épuisement, car sa motivation à te plaire ou à s’amuser l’emporte sur ses signaux de malaise. C’est à l’humain d’être vigilant, d’observer les signes précoces et d’anticiper le danger.
2. Comment aider son chien à traverser l’été

Protéger son chien de la chaleur n’a rien d’accessoire : c’est essentiel.
Voici quelques règles fondées sur la physique et la physiologie pour limiter les risques :
Limiter les sorties pendant les pics de chaleur, privilégier tôt le matin et éviter le soir où le sol reste brûlant.
Préférer les zones ombragées et ventilées : forêts, parcs boisés.
Maintenir la maison fraîche : fermer volets et rideaux dès le matin, aérer la nuit, utiliser ventilateurs et protections solaires sur les vitres.
Éviter les sports et activités canines pendant les périodes chaudes (agility, cani-cross, même le mantrailing).
Refroidir efficacement le chien sans le stresser ni créer de choc thermique : tapis rafraîchissant, serviette humide, douches légères sur zones stratégiques (ventre, coussinets, cou, intérieur des cuisses). Éviter l’eau glacée ou la glace directement.
Offrir de l’eau fraîche en permanence et, pourquoi pas, des friandises glacées ou des jouets congelés.
Éviter le bitume et les sols foncés qui montent rapidement en température. Rappel simple : si marcher pieds nus est douloureux pour nous, c’est dangereux pour lui.
3. Tondre ou ne pas tondre ?

La tentation de tondre son chien en été est grande, mais c’est rarement une bonne idée. Le pelage a un rôle crucial pour le chien !
1) Le poil agit comme un isolant thermique naturel, non seulement contre le froid mais aussi contre la chaleur. Cette isolation provient d’une couche d’air emprisonnée entre la peau et le poil, qui forme une barrière tampon ralentissant les échanges thermiques. Ainsi, un pelage bien entretenu aide à stabiliser la température corporelle du chien.
2) En rasant ou tondant, on détruit cette couche isolante, exposant la peau directement aux rayons solaires, augmentant le risque de coup de soleil, brûlures cutanées, et par conséquent le risque de surchauffe.
3) Le poil protège aussi la peau des agressions externes comme les piqûres d’insectes, les griffures, ou les épillets.
4) Ensuite, tondre abîme la structure naturelle du pelage, pouvant entraîner une repousse anarchique, un “coat funk” avec poil rêche, terne, inégal ou trop dense sous forme de sous-poil, aggravant le problème thermique sur le long terme.
5) Enfin, ne sous-estimons pas non plus la fonction sensorielle et sociale du pelage : il participe à la perception tactile et à la communication canine.
En conclusion, il vaut bien mieux entretenir régulièrement le pelage (brossage pour éliminer le sous-poil mort, éviter les nœuds) plutôt que de tondre.
Le bon entretien permet au chien de bénéficier d’un pelage performant face à la chaleur, tout en conservant sa protection naturelle.
4. Le coup de chaleur : comprendre, prévenir, réagir

Le coup de chaleur est une urgence vétérinaire grave qui peut survenir très rapidement lorsque la température corporelle du chien dépasse 41-42°C. Cette hyperthermie extrême entraîne des lésions irréversibles du cerveau, du cœur, des reins, et peut provoquer la mort en quelques heures.
Le coup de chaleur n’est pas un mythe ni une exagération alarmiste. Il est responsable chaque année de nombreuses hospitalisations vétérinaires et décès évitables.
Parmi les causes fréquentes, on retrouve :
Laisser le chien dans une voiture stationnée même quelques minutes. Tu veux une vraie astuce ? En été, garde toujours une couverture réfléchissante ou un drap blanc dans ta voiture : en cas d'embûche (bouchons ou panne de voiture), ça te permettra de la couvrir et ça évitera à la température de l'habitacle de monter trop rapidement !
Pratiquer une activité physique intense par temps chaud (plus de 30°C).
Se balader aux heures chaudes, surtout sur sol brûlant.
Absence d’eau fraîche ou de zones ombragées.
Exposition prolongée en extérieur sans pause.
Transport en cage ou coffre mal ventilé.
Particularités anatomiques (brachycéphales, chiens âgés, obèses ou malades).
Reconnaître les signes précoces est vital :
Halètement intense, bruyant ou difficile.
Langue rouge foncé ou violacée.
Salivation abondante, vomissements, faiblesse, convulsions, perte de connaissance.
En cas de suspicion de coup de chaleur, il faut agir immédiatement :
Consulter d’urgence un vétérinaire !
Placer le chien immédiatement à l’ombre ou dans un endroit frais et ventilé.
L’asperger progressivement avec de l’eau fraîche (15–20°C), surtout sur le ventre, les coussinets, les aisselles et le cou.
Utiliser un ventilateur pour favoriser l’évaporation.
Proposer de l’eau fraîche à boire, sans le forcer.
Eviter l’eau glacée, la glace directe, et les serviettes mouillées sans ventilation.
L’été est une saison magnifique pour profiter de la nature avec son chien, mais elle impose de bien comprendre ses particularités physiologiques et ses vulnérabilités.
Le chien souffre plus de la chaleur que l’humain, n’a pas conscience du danger, et certains facteurs anatomiques aggravent ce risque. La prévention repose sur une gestion intelligente de l’environnement, des activités, de l’hydratation et du pelage.
Enfin, la connaissance des signes du coup de chaleur et la rapidité d’intervention sont cruciales pour sauver des vies.
Protéger son chien en été, ce n’est pas être « trop prudent », c’est faire preuve de bon sens et de bienveillance.
© Charlotte WARRANT – WAF the fck – 2025
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