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Idée reçue n°17 : si les chiens sont plus difficiles maintenant, c’est à cause de l’éducation positive !


Cet article n’est pas un jugement.

Cet article n’est une critique.

Cet article pose juste un constat : on fait vivre nos chiens dans des conditions de moins en moins propices à leur épanouissement complet et ça peut créer des problèmes de comportement.


Est-ce que ça veut dire qu’il faut arrêter d’avoir des chiens ? Non. Ça veut dire qu’il faut commencer à avoir de l’empathie et comprendre pourquoi, parfois, ils débordent.


Bien, maintenant, commençons !


C’est une affirmation qu’il est difficile à chiffrer, mais ça n’en reste pas moins un ressenti que beaucoup partagent :


« Y’a plus de problèmes de comportement chez les chiens aujourd’hui qu’il y a 30 ans ! »


Et hop, la cause serait toute trouvée : Une éducation trop molle. Trop douce. Trop positive. Trop permissive. Trop… moderne, quoi.


Parce que « avant, on ne se posait pas toutes ces questions, et les chiens allaient très bien ».

Et puis, entre nous : « une bonne taloche dans la tronche, ça remet les idées en place ».


Et si je vous disais que je ne suis pas d’accord ? (Surpris ?)


Et si ce n’était pas le chien qui avait changé, mais que c’était tout le reste qui avait déraillé ?

Et si ce n’était pas « l’éducation positive » qui rendait les chiens « plus difficiles » ? Si ce que nous voyons aujourd’hui, n’étaient que les conséquences d’un profond décalage entre les besoins fondamentaux du chien… et nos vies modernes.


Alors si ce n’est pas l’éducation bienveillante… qu’est-ce qui a changé ?


1) Une explosion du nombre de chiens


Premier constat : le nombre de chiens a littéralement explosé. Du coup, c’est mathématique : plus y’a de chiens, plus y’a de chiens qui ne vont pas bien...


Et derrière cette explosion, il y a… un marché. De la demande. Et donc une production... Et dans le lot ? Ben y’a ceux qu’on a produits à la chaîne, comme des aspirateurs ou des meubles en tek.

Pas socialisés, nés en cage les uns sur les autres dans des conditions affreuses, séparés trop tôt de leur mère – bien souvent épuisées par des portées trop fréquentes, et finalement casés dans des foyers sans aucune idée de ce qu’est un chien.


Bref, un début de vie catastrophique et d’excellentes bases pour avoir des problèmes avec son chien.



2) 🧬 Une sélection génétique déconnectée du réel


Dans beaucoup trop d’élevage (et chez les particuliers c’est encore pire), on ne sélectionne plus les chiens pour vivre avec nous.


On les sélectionne pour gagner des concours de beauté. Pour être instagrammables. Pour être trop meugnons et trop rigolos.


Trop petits, trop gros, sans poils, avec pleins d’poils, avec une tête plate qui ronfle et qui s’étouffe en dormant, avec les pattes torchées ou la peau tellement plissée qu’il faut lui mettre de la crème tous les jours pour pas que ça s’infecte…


Pas de tracas tant que ça fait des likes !


Mais la génétique, ce n’est pas que le physique.


Sélectionner des chiens pour leur équilibre émotionnel, leur tolérance au stress, leur capacité à vivre en société ou pour leur santé… Et si c’était par là que commençait le « mieux vivre avec nos chiens » ?



3) 🏙️ Un environnement totalement WTF pour eux


Soyons honnêtes : nos modes de vie sont un enfer pour beaucoup de chiens.

🏢 Logements exigus

🚗 Rues bruyantes

🐕‍🦺 Parcs bondés

⏳Horaires à rallonge


Ton chien doit cohabiter avec des enfants en bas âge qui courent partout en hurlant, des voisins bruyants, des trottinettes électriques, des drones, des aspirateurs robots, trois chats, deux lapins et un baby-foot. Il ne sort qu’en laisse de 2m en plein centre-ville - et en plus, il doit attendre 9h seul tous les jours pendant que tu vas « travailler pour payer ses croquettes ».


Et puis, le week-end, tu vois tes copains, il faut garder une vie sociale active.

Tout ça, sans broncher.


Baaaaah… C’est peut-être pas si simple que ça à gérer pour lui.



4)🧍‍♂️ Des chiens dans des vies qui ne leur conviennent pas


Trop souvent, les gens prennent un chien… sans avoir les ressources nécessaires. Le décalage entre le chien choisi et le mode de vie offert est souvent gigantesque…


Pas de temps, pas d’espace, pas d’énergie. Juste un coup de cœur, une image d’Epinal ou un rêve d’enfant. Trop souvent le chien est devenu un exutoire, un soutien émotionnel, un faire-valoir… ou un objet de performance.


Et puis, souvent, on les met dans des vies trop vides… ou trop pleines :


👉 D’un côté, ceux qui n’ont rien à faire : peu de sorties, pas d’activités, pas de contacts sociaux, pas d’intérêt à leur quotidien. Ils attendent. Attendent qu’on rentre. Attendent qu’on s’occupe d’eux. Attendent de vivre.

👉 De l’autre, ceux à qui on en demande trop : sports canins, tricks à la chaîne, interactions forcées, obéissance constantes, stimulations sensorielles disproportionnées.


Mais trop… Bah, c’est trop. Un chien a besoin de repos physique, mais aussi de repos émotionnel et cognitif.



5) Des humains de plus en plus stressés


On court partout. On stresse. On ne s’arrête jamais.


Et devine qui absorbe tout ça comme une éponge ?


Quand tu es tendu comme une arbalète, ton chien ne va pas méditer dans un coin avec une tisane…


Les chiens vivent en résonance avec nous. Notre stress devient le leur. Nos tensions, nos crispations, nos émotions refoulées… Ils prennent tout. Et finissent eux aussi à fleur de peau.


Nos chiens sont bien souvent les témoins silencieux d’un quotidien qui déborde. Et ils craquent, eux aussi..



6) Une pression sociale absurde sur les propriétaires


Ajoute à ça le poids de la pression sociale sur les propriétaires…


Aujourd’hui, ton chien n’a plus le droit d’être un chien.


Il ne doit pas aboyer, pas tirer, pas grogner, pas renifler trop longtemps, pas faire pipi en rue, pas être trop joyeux, pas avoir peur, pas être en colère.


Il n’a pas le droit d’être socialement sélectif.


Il doit se laisser caresser par tout le monde, mais ne surtout pas s’approcher de ceux qui ne veulent pas le voir.


Il doit être calme en toute circonstance, mais être quand même intéressant.


Obéir, vite, sans question.


Et toi, avec ton chien ? Tu te sens observé. Jugé.


Et dans cette pression permanente, tu es de plus en plus tendu… Et ton chien aussi.



7) Des vies sous contrôle, des besoins bridés


La liberté ? Quelle liberté ?


Un chien ne peut plus rien faire sans qu’on lui dise "assis", "pas bouger", "non", "viens ici", "tu fais quoi là ?!", "stop", "laisse", "reste"...


Les chiens sont devenus des soldats de la "bonne conduite", ils ont de moins en moins d’autonomie, de moins en moins d’espace de liberté (physique ou comportementale). Les chiens modernes sont sous bracelet électronique.


Les chiens sont en laisse partout (c’est même une obligation légale dans certains pays comme la Belgique). Surveillés tout le temps. Dirigés, contrôlés, contraints.


Ils n’ont plus le droit de flairer, de creuser, d’aboyer, de courir, de choisir.


Le moindre comportement naturel est immédiatement qualifié de… "problème de comportement". Leurs besoins fondamentaux sont bien souvent ignorés ou niés.


On attend d’eux qu’ils soient parfaits, disponibles, silencieux, propres, obéissants, instagrammables.


Il y a une réelle déconnexion entre ce qu’ils sont et ce qu’on exige d’eux. Mais peut-on vraiment être équilibré… quand on n’a plus le droit d’être soi-même ?



8) Une explosion de la désinformation


Face à tous ces déséquilibres, on cherche des solutions. Et on en trouve.


Sur YouTube. Sur TikTok. Dans les commentaires Facebook.


On trouve tout. Et surtout n’importe quoi.


Jamais il n’a été aussi facile de trouver de l’information. Et jamais elle n’a été aussi contradictoire. Des conseils simplistes, des concepts mal compris, des méthodes "rapides et efficaces".


Et contrairement à ce qu’on voudrait faire croire, les méthodes "dures" ne datent pas d’avant. Elles explosent aujourd’hui. Colliers électriques, colliers à pointes, canettes pleines de pièces, cage comme solution miracle à tout… Tout ça s’est normalisé.


"Mon chien me grognait dessus, alors j’ai tapé du pied, soufflé dans un tuba, récité 3 « je vous salue Marie » et mis un collier électrique, et maintenant il est calme."


Oui, calme. Ou éteint, parce que la différence est parfois trop subtile pour certains.


La violence, quand elle est bien marketée, ça passe crème. Mais les problèmes finissent toujours par ressortir, par la porte ou par la fenêtre.



9) Des chiens en moins bonne santé


Ajoutez à cela une autre réalité : les chiens souffrent de plus en plus de troubles de santé chroniques.


Douleurs articulaires, troubles digestifs, inflammations, intolérances, allergies… Tant de chiens sont également en souffrance permanente à cause de leur hypertype. Et tout ça impacte directement leur comportement. Un chien qui a mal est tendu, irritable, réactif, fragile.


Ajoutons une alimentation souvent industrielle, pauvre, inadaptée… et on comprend pourquoi certains chiens sont à cran, en permanence.



10) Des interactions canines pauvres, maladroites, absentes


Il y a 30 ans, les chiens vivaient dans les quartiers. Ils se rencontraient – naturellement, se flairaient, se toisaient, interagissaient ou s’évitaient. Ils apprenaient les uns des autres.


Aujourd’hui ? Les chiens se croisent en laisse, tirés vers l’avant, tendus comme des strings. Ou ils se rencontrent dans des lieux exigus, sans réelle possibilité de mettre de la distance. Ils sont mis en contact dans des groupes souvent trop grands, avec trop de chiens, trop de profils différents. Et ensuite, on s’étonne : "il ne sait pas y faire avec les autres chiens"… Ben non. Il n’a jamais appris. Ou alors, mal.


Alors, non, ce n’est pas l’éducation bienveillante qui crée des chiens « à problème ».

C’est le monde qu’on leur impose.

Les vies déconnectées. Les attentes irréalistes. Le contrôle permanent. L’ignorance de leurs besoins. La négation de ce qu’ils sont.


Avant, les chiens n’étaient pas « mieux éduqués » :

Avant, un chien qui aboyait… C’était un chien.

Un chien qui grognait quand on poussait le bouchon trop loin… C’était un chien.

Un chien qui courrait après les chats ou qui chassait… C’était un chien.

Un chien qui se disputait avec un congénère… C’était un chien.

Un chien qui se promenait dans le village… C’était un chien.


Aujourd’hui, on veut des chiens parfaits dans un monde qui ne l’est pas. Des chiens qui s’adaptent, sans condition, sans faille, sans bruit.


Mais un chien, ce n’est pas un robot. Ni un thérapeute. Ni un défouloir émotionnel. C’est un être vivant, sensible, intelligent. Avec ses émotions, ses besoins, ses limites.


Et puis bon, si on a l’impression qu’il y a « plus de problèmes », c’est aussi parce qu’on les voit enfin.

Parce qu’on en parle. Parce qu’on les nomme. Parce qu’on essaie d’y répondre autrement.


Parce que, « avant », un chien qui devenait gênant, on l’attachait dehors et basta. Et s’il posait encore problème ? Un bon coup de pelle derrière la tête et hop, problème réglé !


Alors, ce ne sont pas tant les chiens qui ont changé que le regard que l’on porte sur eux...


© Charlotte WARRANT – WAF the fck - 2025

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