Idée reçue n°15 : "Il n’y a pas de mauvais outil, juste des personnes qui les utilisent mal"

Aaah, ce chef-d'œuvre de mauvaise foi, vous le connaissez ? Cette perle de sagesse pseudo-universelle qui circule dans les conversations cynophiles comme un vieux chewing-gum collé sous la semelle. Ce slogan qui sert de bouclier moral à des pratiques violentes et qui donne l’illusion que la compétence excuse la douleur… Franchement, j’adore.

Si on suit cette logique imparable :

• Une grenade, c’est pas un mauvais outil : ça dépend si tu retires la goupille.

• Une bombe nucléaire ? C’est pas l’outil qui est mauvais, c’est le fait d’appuyer sur le bouton.

• Et un collier étrangleur ? Bah, tant que tu l’utilises avec amour et bienveillance, ça va.

Bah, non. Juste NON.

Un outil n’est jamais neutre. Un outil est conçu avec une intention. Il a une fonction, une finalité, un usage prévu :

• Un collier étrangleur est conçu pour se resserrer autour du cou et étrangler.

• Un collier à pointes est conçu pour piquer.

• Un collier électrique est conçu pour envoyer une décharge.

  
  

"Oui mais une pelle c’est pas un mauvais outil, c’est si tu frappes quelqu’un avec que ça devient mauvais !"

Parfait. Merci pour l’exemple. Une pelle est conçue pour creuser. Si tu t’en sers pour frapper quelqu’un, tu la détournes de son usage.

Tu peux détourner plein d’objets pour faire le mal. Mais les colliers coercitifs ? Ils ne sont pas détournés. Ça ne devient pas douloureux parce qu’on ne s’en sert pas bien. Ça fait mal parce que c’est prévu pour. Donc à moins que tu utilises ton collier à pointes pour suspendre ton linge… tu ne peux pas faire semblant de ne pas savoir.

"Mais c’est pas moi qui fais mal au chien, c’est lui qui tire !"

Bah oui. Et il a aussi commandé le collier sur Amazon tout seul avec ta carte de banque, peut-être ? C’est un peu comme dire que ce n’est pas de ta faute si un gosse a marché sur le piège à loup que tu as laissé traîner devant chez toi… Il n’avait qu’à ouvrir les yeux, aussi !

Tu as choisi l’outil. Tu l’as mis autour de son cou. Ton chien ne se fait pas mal tout seul : il se fait mal dans un système que TU as mis en place.

"Y’a pas de mauvais outil" est à l’éducation canine ce que "c’est pour son bien" est à la gifle éducative. C’est une excuse. Un vernis moral. Un bouclier puant pour éviter de se remettre en question.

Parce qu’en vrai, si la douleur est ton canal de communication, tu ne fais pas de l’éducation. Tu fais de l'intimidation. Parce que, éduquer, ce n’est pas un stupide rapport de force.

Tu peux appeler ça "fermeté", "leadership", "autorité naturelle" ou même "main de fer dans un gant de velours"... C’est juste un emballage plus glamour pour vendre la même merde.

Alors soyons clairs :

• Oui, les mauvais outils existent.

• Et la seule bonne façon de s’en servir, c’est de les laisser au placard. Ou pour suspendre le linge, je suis pas chienne.

© Charlotte Warrant - WAF the fck - 2025