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Fixer des objectifs de rééducation atteignables et souhaitables

Dernière mise à jour : 27 juin


Quand on commence une rééducation comportementale, on a tous des objectifs — et c’est bien normal....


Vouloir améliorer le quotidien, diminuer les comportements problématiques, retrouver une relation plus sereine avec son chien : ce sont des aspirations légitimes, humaines, et souvent urgentes.


Mais pour que la rééducation soit viable, ces objectifs doivent impérativement être passés au crible de deux filtres fondamentaux : sont-ils atteignables ? Et surtout : sont-ils souhaitables ?


Un objectif atteignable, c’est un objectif réaliste. Il tient compte de l’histoire du chien, de ses émotions, de ses capacités d’apprentissage, de sa santé physique, de son âge, de son environnement, mais aussi du temps, de l’énergie et des ressources disponibles chez la personne qui l’accompagne.


Un chien traumatisé par les humains pourra peut-être un jour marcher sereinement dans un parc, mais ne deviendra probablement pas le compagnon "idéalisé" qui accueille tous les visiteurs avec enthousiasme... Ce n’est pas un échec. C’est une réalité biologique, comportementale, émotionnelle.


Beaucoup de familles arrivent en consultation avec un schéma binaire en tête : soit on « réussit » et le chien ne manifeste plus aucun comportement jugé problématique ; soit c’est un échec.

Cette conception est non seulement fausse, mais aussi contre-productive.


Un chien qui passe d’un seuil de tolérance très bas à un fonctionnement plus stable, avec des stratégies d’adaptation nouvelles, est un chien qui progresse. La rééducation comportementale, c’est une série de micro-victoires, pas une métamorphose instantanée !


Mais un objectif peut être atteignable… sans être souhaitable.


Et c’est là que beaucoup de dérives commencent...


Trop souvent, les demandes formulées — même inconsciemment — vont à l’encontre des besoins fondamentaux du chien. Un chien qui ne grogne plus jamais, même sous inconfort ; un chien qui se laisse manipuler n'importe comment et par n’importe qui ; un chien qui peut rester seul dix ou douze heures par jour sans broncher… Tout cela est peut-être techniquement réalisable. Mais est-ce juste ? Est-ce respectueux du vivant ?


Dans une société où le chien est de plus en plus perçu comme un membre de la famille, il est paradoxal et préoccupant de voir à quel point ses besoins réels sont encore ignorés au nom de la convenance humaine.


La rééducation devient alors une tentative de modeler le chien pour qu’il rentre dans un moule, au lieu de transformer l’environnement, les routines, les attentes, pour mieux respecter ce qu’il est profondément.


Un objectif souhaitable est un objectif qui respecte les émotions, la santé physique et mentale, les limites naturelles du chien. Il vise l’équilibre, pas la performance. Il s’inscrit dans une perspective relationnelle, pas simplement dans un schéma de contrôle.


Cela suppose d’accepter que certains comportements — s’ils ne mettent pas en danger — puissent être exprimés. Cela suppose aussi d’accepter que le chien ne sera jamais un robot, ni un miroir de nos attentes. C’est un être vivant, sensible, avec ses propres besoins, préférences et limites.


Alors, si l’atteignable est une question de moyens, le souhaitable est une question de cap... Et parfois, le rôle du professionnel est d’aider à redéfinir les objectifs de rééducation.


Et dans cette optique, chaque progrès est une victoire :

  • Un chien qui parvient à attendre une heure seul sans paniquer.

  • Un chien qui peut croiser un congénère au loin sans monter en tension.

  • Un chien qui arrive à être plus posé en balade ou à la maison.

  • Un chien qui apprend à se retirer quand il a besoin de calme.


Voilà des réussites. Humaines, techniques, mais surtout éthiques.


La question à se poser n’est donc pas seulement « jusqu’où peut-on aller ? », mais bien « jusqu’où devrait-on aller ? »


Car dans un monde où les comportements des chiens sont trop souvent jugés à l’aune de leur conformité à nos vies pressées, il est temps de remettre le curseur du bon côté : celui du respect, de la nuance, de la relation.


En matière de rééducation comportementale, viser juste est plus important que viser haut. Les objectifs souhaitables et atteignables sont ceux qui respectent l’individualité du chien, s’ancrent dans le réel, et favorisent une cohabitation apaisée.


Ce n’est pas moins ambitieux — c’est infiniment plus juste. Car derrière chaque progrès mesuré se cache un lien qui se renforce, une confiance qui s’installe, une vie qui s’améliore... Et c’est bien là, l’essentiel.


© Charlotte Warrant - WAF the fck - 2025

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